lundi 30 novembre 2015

Nouveau défi!

Avant d’y mettre les pieds, on imagine le Nord comme une immense étendue uniformément blanche rassemblant des villages et des habitants similaires. Bon, ce n’est pas tout à fait faux. Il demeure que parfois, dans la vie, on ressent le besoin de sortir de ses pantoufles. On se hasarde donc à changer d’emploi, de village et on se croise les doigts. Puis, la vie nous sourit : )





J’ai déménagé mes pénates à Inukjuak, 2 petits parallèles plus bas que Kangirsuk. Mais surtout, je passe de la Baie d’Ungava à la Baie d’Hudson! Pour les non-initiés, sachez qu’il existe une certaine rivalité/confusion entre les deux côtes. Chacune est desservie par un Centre de Santé qui lui est propre; Tulattavik sur l’Ungava et Inuulitsivik sur l’Hudson. Ces deux organisations offrent pratiquement les mêmes services et les mêmes emplois, tout en étant gérées de manière distincte. On connaît des gens qui ont dû repasser à travers tout le processus d’embauche afin de pratiquer le même travail sur l’autre côte. L’harmonisation des services à l’ensemble du Nunavik est discutée depuis plusieurs années, mais il n’y a jamais rien de simple au Nord. Pour ajouter à la confusion, je suis encore employé par l’Ungava bien que je travaille maintenant sur l’Hudson. Enfin…


Un tout nouveau Centre pour adolescentes a transféré ses activités de Montréal à Inukjuak. On vient tout juste de l’inaugurer. J’ai entendu différents termes pour désigner le bâtiment; palais, château, gouffre à argent… Gouffre à argent? Serait-ce qu’un investissement de 27M$ sur une bâtisse hébergant 10 jeunes n’est pas bien accueilli en période d’austérité budgétaire?



Les photos ne rendent pas justice à la majesté de l’endroit. Nous sommes situés en haut de la montagne, profitant d’une vue dégagée sur le village et la rivière qui se recouvre un peu plus de glace à chaque jour. On y a intégré les meilleurs éléments des Centres au Sud, tout en triplant la superficie. Et en se dotant d’une flotte de 5 motoneiges et 5 quatre-roues. Et un bateau. L’objectif ne saurait être plus clair. On fait le pari qu’un environnement spacieux, illuminé et –surtout- en territoire Inuit, favorise la réhabilitation de ses adolescentes aux prises avec des familles dysfonctionnelles et des identités floues. Bref, la philosophie inverse de nos chers décideurs québécois qui s’entêtent à construire des bunkers de béton en guise d’écoles au lieu de s’inspirer des grands sages scandinaves.
Tout ça pour dire que je retourne à mes anciennes amours de la ville, soit éducateur à l’interne. Un meilleur lien avec les jeunes, une collaboration étroite avec des collègues inuits, un emploi plus actif… Je ne peux m’empêcher de sourire à l’idée d’être rémunéré à pratiquer la pêche sur la glace avec les jeunes demoiselles. Avis aux intéressés, éducateurs et agents d’intervention seront requis dans les prochains mois afin de remplacer des vacances, et peut-être éventuellement pourvoir à des postes.


Inukjuak est un coquet village de 1600 habitants. Son nom signifie le Géant. Je couvrirai son intrigant historique lors d’une prochaine entrée. À mon départ de Kangirsuk, on m’avait mis en garde comme quoi les habitants d’Inukjuak parlaient très forts(!) Je ne saurais dire. Peut-être mon inuktitut n’est-il pas suffisamment à point pour le déceler? On m’expliquait également qu’il y a des différences au niveau du vocabulaire entre les villages, encore plus entre les 2 côtes. Certains mots ne sont pas universels, des symboles de l’alphabet se font fugaces. Enfin, on me signalait une utilisation bien moindre de la voiture au profit du 4-roues et du skidoo. Ça, je peux le confirmer. Ils ont tout compris. À quoi bon avoir un gros truck à 40 000$ pour ajouter 11km au compteur quotidiennement?

Malgré les mises en garde, il n'est pas rare de croiser une famille de 5-6 personnes sur le même véhicule. Ils ont l'habitude. Les accidents se font rares.

Il règne une belle ambiance au village. Les gens sont chaleureux. Les aurores boréales sont ravissantes. L’hiver nous montre le côté givré de sa bipolarité. En attendant les grands froids et les blizzards, on bénéficie d’un terrain de jeu digne d’Éden.

Une petite parcelle de plage qui résiste tant bien que mal. Semblerait que le bronzage et la baignade sont partie intégrante de l'été ici. Au même titre que les moustiques qui se régalent.

mardi 18 août 2015

Trop de bonnes raisons pour rester!

     7 décembre. C’est la dernière fois que je m’étais emparé de ma plume. La dernière fois que j’avais mis en mots mon quotidien et mes états d'âme nordiques. Pourquoi tant de temps s’est-il écoulé? Bonne question. Ce n’est certainement pas que je sois malheureux, bien au contraire. Ces derniers jours, l’importance de ma mission est revenue à l’avant-plan. Je désirais faire une différence dans un environnement difficile ET je tenais à informer mon entourage des bonheurs et des tribulations d’un coin de pays méconnu. J’ai récemment décidé d’allonger mon séjour d’une autre année. Voici pourquoi :

     La simplicité du quotidien. Certaines personnes se lamenteront qu’il n’y a rien à faire ici. Elles ne sont pas au bon endroit. L’été bat son plein présentement. Pêcher, camper, marcher en montagne, faire brûler un feu de camp, chasser, naviguer en bateau, rouler en 4 roues, courir, se baigner en eau glaciale, ramasser des fruits, déterrer des moules. Ce sont des activités qui s’offrent à nous tous les jours dans pratiquement tous les villages. On sort du travail et 10 minutes plus tard, on a les deux pieds dans l’eau et on se débat avec un Arctic Char de 12 livres. Ici, on ne se pose pas trop de questions. Pas de stress relié au trafic, au métro en panne, à la température de 38C avec l’humidex… Comme je le soulignais l’été dernier, le gros questionnement estival est : À quelle heure est donc la marée haute aujourd’hui? La marée haute signifiant que les poissons mordent davantage… Vous aurez remarqué que j’ai inséré le hobby chasse dans la liste. Rassurez-vous, défendeurs des droits des animaux, je ne compte pas m’y mettre. Par un temps exécrable, j’ai vu un Inuk tirer un caribou dans le confort du siège conducteur de son pickup. Il fumait tranquillement une cigarette en ajustant sa mire. Il n’a pas manqué son coup. Ce n’était pas sa première fois.

                                                   Je vous épargne la photo du caribou abattu.

     Le contraste des saisons. L’hiver blanc. L’été vert. Ça semble simple, mais on en acquiert une toute autre perspective au Nord. L’hiver est rude, interminable, impitoyable. Pourtant majestueux. Il encabane le courage. Il enveloppe parfois notre bonne humeur par son obscurité. Il nous rappelle qu’il est roi et maître de ce territoire. En fait, je le vois comme un test. Il nous impose cette épreuve afin que l’on mérite le soleil et l’été. Un défi personnel durant lequel on remet bien des choix en question. C’est la sélection naturelle. Et la récompense dépasse toute espérance. D'autres fois, tu arrives de vacances un 26 juin, fébrile à l'idée de pêcher et c'est ce qui t'accueille...



     Les Inuit. Après un certain temps, on se fait reconnaître par les enfants dans la rue. Ils joggent quelques mètres avec nous, tendent la main en espérant un high-five, crient notre nom à tue-tête pour le plaisir. Les adultes sont plus discrets. Un signe de tête, un sourire, un geste de la main. Ils respectent le fait que j’y suis depuis un certain temps; Ils ne se méfient plus de ma présence. Des conversations inopinées avec la caissière à l’épicerie, des trucs de pêche échangés avec le voisin. On troque des poissons et des moules. On échange des idées, des souhaits. Malgré un anglais parfois approximatif, ils arrivent à exprimer ce qui les tient à cœur. En accordant de l’importance à leurs vertus au lieu de leurs malheurs, un respect mutuel s’installe.




      Les collègues. On rit. On pleure (pas moi bien sûr). On s’échange des muffins. On se tape parfois sur les nerfs. On explore les environs. On se verse un petit rhum&coke et on parle de nos projets, de nos rêves. On s’encourage dans les journées difficiles. On se fait des festins. En bout de ligne, on se serre les coudes et on s’entraide. C’est drôle, mais quand je suis monté, je voyais mal comment on pouvait nouer de vraies relations ici. Je percevais le Nord comme un monde distinct avec des relations forcées par les circonstances. J’avais résolument tort. Les fous qui montent au Nord, nous sommes tous habités par les mêmes émotions, la même recherche d’un je-ne-sais-quoi. Cette chasse au trésor est bien plus agréable en équipe.

            Salluit               


     La nature. Sans rien enlever à tout le reste, c’est la nature qui nous fait tomber en amour avec le Nord. Telle une partenaire dévouée, elle se permet de petites attentions à notre égard au quotidien :

Un banc de poissons qui dansent à nos pieds à travers une eau translucide.
Des moules à foison, leur multitude dopée par la pleine lune.
Le soleil de minuit.
Un caribou qui gambade sous le soleil à proximité à la sortie de la tente un dimanche matin.
Un coucher de soleil qui recouvre le village de son sublime rose.
Un quinzaine de bœufs musqués à quelques mètres devant moi. Les bébés couraient maladroitement de leurs petites pattes.
Les maisons du village reflétées dans l’eau calme de l’aube.
Un phoque qui tente de s’emparer des poissons avant que ceux-ci ne jettent leur dévolu sur nos lignes.
Des perséides qui fusent de toute part sur une toile de fond d’aurores boréales. Un orgasme pour les yeux.


     Vous noterez que j’ai peu de photos cette fois-ci. C’est que mon téléphone a rendu l’âme (je sais, je sais, c’est devenu une habitude). Je vous décrivais tous ces souvenirs et j’avais des images très précises qui me venaient en tête. Des photos qui vont me rester en tête à jamais. Alors pourquoi rester une année supplémentaire? Il reste encore plusieurs pages libres dans mon album.

dimanche 7 décembre 2014

Faits divers

Réglons la question d’emblée : l’hiver s’est définitivement installé dans les premiers jours de novembre. -30C avec le facteur éolien. Il fait encore noir à 8h le matin et le soleil est déjà couché à 15h. Plusieurs collègues sont accros à leur pilule matinale de vitamine D afin de compenser la quasi absence de soleil. Pour ma part, je mise sur un entraînement en salle à tous les soirs. Chaque goutte de sueur versée nous ramène plus près d’une réalité qui parfois nous échappe. Car il est facile d’oublier le tourbillon, certains diront ‘la vraie vie’ de la ville, lorsque nous sommes submergés par toute cette blancheur.

                                                                           Salluit!

Depuis quelques semaines, un spectacle gratuit vient illuminer l’âme une fois le soleil disparu à l’horizon. Plus abordable qu’une soirée aux vues et moins frustrante que 3h au Centre Bell. Voici une aurore boréale:

    Mes yeux avaient tout enregistré, mais cette splendide photo est une gracieuseté de ma collègue de Salluit, Catherine.      Je ne dispose pas du matériel ni de l'habileté pour accomplir cela. Merci!

Au Moyen Âge, leur teinte rouge était un présage de malheur. De leur côté, les Inuit les associaient à des torches facilitant le passage des esprits des morts. Pour moi, il s’agit d’un simple ‘Allô!’ lancé par les astres. Un party céleste auquel nous sommes tous conviés. Pourtant, il y a une explication scientifique à ce phénomène. C’est un vent solaire qui dirige les particules du soleil vers les pôles magnétiques de la Terre, favorisant le Nord canadien et la Scandinavie. Lorsqu’elles entrent en contact avec les gaz de notre atmosphère, la réaction chimique engendre de la lumière. C’est l’altitude qui détermine la couleur qui varie entre le rouge, le vert et le bleu. Synonyme de basse altitude (100km), la couleur verte est la plus fréquente. C’est une véritable danse qui se déroule sous nos yeux. Vous savez comment les patineurs artistiques obtiennent des points bonis lorsqu’ils utilisent le moindre petit centimètre de la patinoire? Les aurores obtiennent tous les points à l’enjeu. C’est une véritable foire, un cirque qui a la faculté inouïe de s’effacer de notre regard pour rejaillir instantanément loin derrière nous. C’est magnifique.


Le changement de registre sera difficile pour certains, mais j’ai eu la chance d’assister à la toute fin d’une chasse au béluga à Wakeham Bay. La rumeur courait tout au long de la journée. Des sources bien au fait du dossier faisaient état d’un regroupement de canots et de chasseurs qui repèrent un troupeau de bélugas. Ils sont habilement orientés vers la grève. Une fois à distance rapprochée de celle-ci, les armes font feu. Les corps sont ensuite remorqués sur la plage. Le mot se répand; les villageois se présentent en voiture, en 4 roues et se partagent le prix. C’est beau à voir :



                                                              C'est tout ce qu'il reste à la fin.


Je tiens à rassurer les défenseurs des droits des animaux. Une loi non-écrite parmi les Inuit souligne qu’un animal sera seulement tué avec l’intention de le manger. Pas de gaspillage ou de coups de feu pour le plaisir. Les excédents sont redirigés vers le « community freezer » qui nourrira les familles de la communauté durant les temps durs de février.

Dans le même ordre d’idées, j’ai profité d’un repas traditionnel avec  les jeunes d’un de nos centres. Au menu, caribou et omble chevalier congelés. La sauce soya fait office de trempette.


Le verdict? Le fait que les viandes étaient congelées a grandement facilité l’expérience. Le caribou est coriace sous la dent. Le poisson est peu goûteux. Les jeunes ont raffolé du souper. Ils étaient définitivement dans leur élément alors qu’ils coupaient habilement la viande tout en échangeant des blagues dans leur langue maternelle. Ça leur rappelait des jours heureux.


Les Arctic Winter Games, c’est un événement qui regroupe des nations nordiques dans une ambiance de sports et de camaraderie. L’Alaska, le Nunavut, le Yukon et bien sûr le Nunavik sont parmi les participants de cette compétition qui se tient tous les 2 ans. On y retrouve un joyeux mélange d’épreuves traditionnelles occidentales (biathlon, hockey, badminton, etc.) et inuit (head pull –tir à la tête?-, saut en hauteur à un pied). Il est assez fréquent de voir des adolescents pratiquer le saut en hauteur à un pied dans les gymnases et salles d’entraînement. Au départ, l’athlète est assis par terre dans une position qui rappelle l’indien. Puis, il utilise une de ses jambes afin de se propulser dans les airs et atteindre la balle avec son autre pied. La description ne rend pas justice au coefficient de difficulté et cette médiocre photo en action n’aide en rien. Qu'importe:



Pour les intéressés, les prochains Jeux se tiennent au Groenland à l’hiver 2016. On peut se porter volontaire pour veiller au bon déroulement des activités, et en profiter pour explorer un coin de pays unique. www.awg2016.org

Le travail amène toujours sa part de défis. Le dernier en date est d'accompagner une ado dépressive de 17 1/2 ans dans sa quête d'un avenir, d'une identité. Même à Montréal, cela peut se révéler difficile malgré la variété d'écoles, de boulots divers, de spécialistes en orientation et en santé... Dans un scénario nordique, les écoles offrent peu de débouchés et un choix d'emploi se fait entre l'épicerie et la garderie. Et bien sûr les spécialistes se font très rares. Une mère alcoolique et de la violence à la maison ne font qu'assombrir le tableau. Comment éviter que cette jeune fille ne se retrouve démunie comme tant d'autres lorsqu'elle aura 18 ans?! Je passe la fin de semaine à Salluit et un 3e suicide en quelques semaines est venu secouer la communauté la nuit dernière. Cette fois, c'est un jeune de 16 qui supportait courageusement l'alcoolisme de son père depuis toujours. Il avait accompli son cours de sauveteur et travaillait à la piscine. Mais la résilience a ses limites... En cherchant à tout prix à améliorer le présent de ce peuple, n'avons-nous pas assombri leur vision du futur?

Sur une note plus légère. Je marchais de bon matin quand deux adorables chiots sont venus me témoigner toute leur affection. Je m'arrête afin de leur rendre la pareille, et je l'admets, une folle envie d'en dérober un. Il n'en fallait pas plus pour que la mère sorte de nulle part en hurlant, la gueule grande ouverte. J'ai compris le message et déguerpi. On ne le voit guère sur la photo, mais le feu émanant des yeux de la maman était terrifiant.


dimanche 7 septembre 2014

Un été qui s'achève... amenez-le l'hiver!

Nous avons négocié le périple à 160$ par personne. Il est 10h30 un glorieux samedi matin de juillet et nous sommes 4 blancs à avoir loué les services d’Alec, un Inuk respecté du village. Sa mission? Nous faire vivre la pêche d’une vie. Rien de moins. Alec prend son mandat au sérieux. Sa chaloupe de 16 pieds est parée à toute éventualité. Elle regorge d’énormes bacs, de couteaux, d’appâts, de bâches pour se protéger de l’eau... Il s’est patenté un petit volant qui lui permet de manœuvrer son embarcation à sa guise. L’emplacement désiré se trouve à environ 45 minutes du village. On brise les vagues en remontant la rivière. L’eau nous asperge, comme si elle voulait se venger que l’on ait troublé sa tranquillité. Bientôt, on s’arrête près d’une petite île et l’on reçoit l’instruction de lancer nos lignes à l’eau. On ne se fait pas prier, quoique notre équilibre soit difficile à établir au milieu de l’eau. C’est ma collègue infirmière qui a le privilège de retirer le premier omble chevalier de l’eau. Notre confrère la suit, puis c’est au tour d’Alec. Nous sommes déjà affamés. Notre guide s’occupe de tout.
                                                             On tente d'absorber son talent.

                                   Le démembrage et la mise en filets lui a pris 2 minutes. Ça m'en prend 45...

La magie d’un poêle Coleman… Simplement cuit dans du beurre accompagné d’un morceau de bannique (pain inuit). Un pur délice. Impossible d’imaginer un poisson plus frais, le cœur battait encore 10 minutes auparavant. On se remet en route sans tarder. 5 minutes passent avant que l’on reçoive un second ordre de lancer notre ligne à l’eau. Celle-ci est tellement claire que l’on voit les multiples poissons qui se tiennent à nos pieds. Ils virevoltent, dansent et semblent s’amuser ferme sous le chaud soleil; ils sont bien trop occupés pour manger. Malgré tout, 4 ou 5 d’entre eux mordent à nos appâts. J’obtiens notamment mon premier de la journée. Notre capitaine décide alors de nous mener à son endroit de prédilection. Voici le résultat :



On parle d’une quarantaine d’ombles chevaliers petits et gros. C’est difficile de rendre justice à l’expérience par écrit ou photo. La clef se trouve dans la clarté absolue de l’eau. Les poissons manquant d’énergie suite à leur party sous-marin, ils ont faim. C’est un spectacle en soi, alors qu’ils sont parfois 3 ou 4 à suivre une même ligne. Dans le bateau, on est sur le qui-vive. On pointe à nos confrères les troupeaux aperçus. On vise si bien avec nos lancers que nous sommes parfois 3 à mouliner un poisson au même moment. Les lignes se mélangent, l’unique puise à pêche suffit difficilement à la demande. On manque de temps pour se taquiner sur la grosseur de nos prises, alors qu’il y en a toujours une autre à ramener. Je remporte la palme avec ce monstre :

                                          On l'a évalué à 16-17 livres, un des plus gros observé par Alec

Avis aux pêcheurs: J’ai réservé les services de Maître Alec pour juillet 2015.

Bien que Kangirsuk soit reconnu comme LE village phare pour la pêche, nous n'avons pas la chance des villages un peu plus nordiques qui regorgent de quantités phénoménales de moules quotidiennement. À Salluit, on les recueille par grappes:


J'étais quelque peu surexcité lors de ma première cueillette. La gourmandise a aussi contribué à ce résultat pour un souper:

                                                      Rassurez-vous, j'ai partagé avec les voisins.

Au delà de la nourriture qui prend une grande place au Nord, le beau temps m'a permis d'explorer davantage les environs du village. Je vous présente le terrain de golf de Kangirsuk, soit 5 ou 6 verts aucunement entretenus disséminés au hasard au beau milieu de nulle part:


Au haut de la montagne surplombant le village, on peut faire de surprenantes découvertes. L'histoire veut qu'une femme Inuk avait commandé la voiture par cargo. Elle s'imaginait déjà parcourir les 2km de route du village au volant de cette voiture à 25 000$. Pendant plusieurs mois, elle avait patiemment attendu la venue du bateau. Une semaine après réception. son fils adolescent s'en est emparé et l'a anéanti. J'entendais qu'elle s'est commandé un nouveau véhicule la semaine dernière.


J'en apprends constamment sur ces jeunes de 0 à 17 ans. Mes collègues plus âgés les désignent parfois comme des individus mal éduqués, manquant de respect aux conventions les plus élémentaires de la société. Je crois qu'il est important de placer le tout en contexte.

Les aînés d'aujourd'hui ont été élevés dans des igloos. La chasse et la pêche constituaient l'école de la vie. Ils appartenaient à la nature et celle-ci le leur rendait bien avec sa nourriture et ses multiples splendeurs.

Les adultes dans la fleur de l'âge aujourd'hui ont vécu l'époque charnière de la sédentarisation. Le gouvernement a fourni les logements pour se donne bonne conscience. Mais l'adulte Inuit -spécialement l'homme- a perdu tout sentiment d'utilité. Plus besoin de chasser et pêcher puisqu'il y a une épicerie au coin de la rue. Et quel sens y a-t-il à travailler comme concierge ou mécanicien quand la valeurs capitalistes te sont totalement inconnues? Les femmes Inuit, elles, se sont mieux adaptées. Ce sont elles qui occupent la majorité des emplois, que ce soit derrière une caisse ou armées d'un balai. Rien pour consoler l'homme qui voit ainsi sa femme prendre le rôle de pourvoyeur dans la famille. C'est pourquoi plusieurs de ces hommes adultes se sont tournés vers la bouteille et la violence afin de diluer leur désarroi. 

Les jeunes viennent au monde dans cet environnement nocif. Il y a un laissez-aller éducationnel à la maison, alors que les parents ne connaissent pas eux-mêmes les valeurs modernes. Ce sont des valeurs de blancs. Les jeunes Inuit ne retrouvent pas la stimulation d'antan dans leur quotidien. Disparu est le sentiment de fierté associer à ramener une carcasse de caribou au campement, les joues rougies par le froid et le sourire jusqu'aux oreilles. Aujourd'hui, ils tournent en rond et s'ennuient. Ils lancent des roches, fument à un jeune âge et ne peuvent rester assis en classe. S'ils ont autant de difficulté avec l'autorité, c'est que Dame Nature était leur unique souveraine reconnue jusqu'à il n'y a pas si longtemps. J'ai plusieurs dossiers de jeunes qualifiés "d'insupportables" par tout professionnel et je m'inclus. Pourtant, ils se sont conduits de manière exemplaire alors qu'ils passaient de longues semaines sur le "land" à pêcher et chasser cet été. C'est ÇA un Inuk. 

Tout cela pour dire que les blancs venant travailler au Nord doivent se rappeler qu'ils ne vont pas révolutionner la culture Inuit. Bien au contraire. J'ai moi-même parfois le sentiment que je ne fais qu'éteindre des feux, sans améliorer l'ordinaire de ces gens. On doit s'adapter et non l'inverse. Ce sont des compagnons farceurs, loyaux et habiles de leurs mains. À nous d'utiliser leurs forces et faire ressurgir le sentiment de fierté qui les a longtemps habité. Et profitons de cette occasion inouïe pour en apprendre sur soi et la nature humaine en général. Ma deuxième année s'amorce à l'automne et je compte bien profiter de cette chance.

mercredi 9 juillet 2014

Un festival de soleil

On croirait parfois faire partie d'un monde créé de toute pièce par une romancière. Une page blanche à travers laquelle elle place des personnages sur notre chemin au moment précis où nous avons besoin d'eux; elle insère de décevants obstacles qui se métamorphosent en tremplin vers le ciel; elle rit en nous voyant passer à vive allure par une montagne russe d'émotions. À la fin de la journée, elle s'assure que nous ayions le sourire. Et n'est-ce pas tout ce qui compte?

Première chose à mettre au clair pour de potentiels visiteurs, il ne fait pas si chaud que ça à Kangirsuk l'été. J'avais entendu qu'il pouvait faire 30C, mais on faisait probablement référence à des journées éparses à Kuujjuaq. Ici, il fait 12C quand il fait soleil. Lorsque les nuages et le vent règnent, on parle d'une poignée de degrés. À tel point que l'avion couvrant la Baie d'Ungava est resté cloué au sol durant 3 jours la semaine dernière à cause du brouillard. Vendredi, j'étais à Wakeham Bay, près de l'extrémité nordique. La pluie était froide, le vent mordant, la populace maussade. Une courte marche m'a mené à un tristounet terrain de baseball.

J'ai attendu 4 heures à l'aéroport avant de me faire dire que mon vol de retour était remis au lendemain. Je pestais contre l'épicerie qui avait fermé ses portes prématurément sans aucun motif valable, tout en songeant avec envie à la bonne bouffe qui m'attendait dans mon propre congélateur. Je me suis couché tôt en souhaitant un rayon de soleil le lendemain. J'ai été servi.


Vous aurez compris que Wakeham Bay est communément désigné comme le village enchanteur du Nunavik. La marée s'est chargée de ramener des blocs de glace afin de compléter le portrait. Mon avion a finalement décollé avec un autre 4 heures de retard cette journée-là, mais peu importe.

La disparition des glaces ouvre la porte aux bateaux de cargo. Ceux-ci ravitaillent les villages nordiques en nourriture, matériaux de construction et véhicules divers. On profite des quelques mois de beau temps pour construire et rénover. La venue du cargo est également attendue de pied ferme par les locaux qui ont immanquablement la chance d'y trouver des cargaisons d'alcool, légales ou non. Les policiers n'ont pas beaucoup dormi dans les jours entourant la fête du Canada... Le premier bateau est arrivé le 29 juin, le dernier naviguera en octobre. La saison est très courte!

                                                    Avis aux femmes célibataires, les travailleurs de la
                                                                               construction sont légion  ces temps-ci.

La marée mérite que je m'y attarde pour plusieurs raisons. La Baie d'Ungava nous offre quotidiennement un spectacle fascinant, soit la deuxième plus haute marée au monde à environ 52 pieds. Au premier rang? La Baie de Fundy, 53 pieds. D'ailleurs, je ne saurais insister suffisamment afin que vous visitiez les Maritimes pour des vacances abordables et inoubliables; la nature y règne encore dans toute sa splendeur. Revenons au Québec. La marée passe généralement du plus haut au plus bas en +/- 6h15. Elle me surprend encore par sa rapidité, même après plusieurs semaines.

                                                                        Marée haute.

                                                                           Marée basse.               

Un autre motif pour se préoccuper des marées est évidemment ce qu'elle peut nous procurer. Plusieurs Inuit racontent que les pleines et nouvelles lunes sont les plus propices à glaner les moules. Il semble qu'elles se cachent sous les algues à marée basse. J'expérimenterai ma première pleine lune de l'été ce samedi et je compte bien arpenter la plage à marée basse à 3h15am. 

                                                   Maigre butin en attendant les récoltes en or.

Enfin, une marée de haut niveau représente LA source de bonheur au village, puisque c'est synonyme de pêche! Oubliez tout ce que vous avez vécu dans ce domaine, on ne joue pas du tout dans la même ligue à Kangirsuk. Imaginez des conversations quotidiennes sur l'horaire des 2 marées hautes afin de planifier nos escapades; des bandes d'enfants de 8 ans qui manient la canne d'une main experte; des ombles chevaliers de 10 livres qui sont la norme en attendant les placards de 15 livres du mois d'août; des blancs et des Inuit qui partagent les berges, s'encouragent, s'entraident.


Cet emplacement de pêche est reconnu comme le plus généreux et il est à 4 minutes de marche de chez moi. On descend les roches, on lance la ligne, on mouline tranquillement et on recommence! Durant une même session, le mouvement peut être répété des centaines de fois. Le froid, le vent et la pluie se mettent parfois de la partie, mais qu'à cela ne tienne. On apprend rapidement de quelle manière ramener le poisson, mais surtout comment s'en emparer à mains nues pour éviter qu'il ne s'échappe. Le plus difficile est de préparer ses propres filets; le sang gicle, le poisson glisse et les arêtes se multiplient. L'expérience est cruciale. En comparaison, l'omble chevalier est un poisson qui s'apparente au saumon, au niveau de la couleur de la chair et du goût.

                                                                       

                                          Un poisson peut convenablement nourrir 4 personnes.

Ma plus belle expérience de pêche jusqu'ici s'est déroulée samedi dernier. Suite à un souper et un énorme feu, on retraite à nos quartiers respectifs pour la nuit. Prétextant la fatigue, nous avions rejeté l'idée de profiter de la marée haute de 3h05am. Un bon film m'a par hasard mené à 2h30. À ce point, je n'avais plus le choix. J'ai rassemblé mon équipement et me suis dirigé vers l'amoncellement de roches bénies. L'eau était calme, le temps semblait s'être arrêté. Le ciel affichait encore quelques couleurs. Les canards volaient gracieusement. J'étais seul au paradis. Puis, tout s'est déchaîné. Mon hameçon est devenu la vedette sous-marine. Quelques poissons ont mordu avant de s'éclipser. D'autres suivaient ma ligne jusqu'au rivage sans oser la gober. Certains se se sont retrouvés à quelques pouces de mes mains avant que l'instinct de survie ne les arrache de l'hameçon. Au travers de cela, 3 garçons d'une dizaine d'années sont venus me tenir compagnie et échanger des trucs. 2 filles du même âge sont également venues pêcher juste au bon moment.

                                               Oui, je fais bien rire de moi avec ma canne de 9 pieds...

Le décompte final faisait état de 3 ombles et d'une fantastique sérénité. Tout indique que je mangerai du poisson on ne peut plus frais à chaque jour pour les prochaines semaines. Pas facile la vie.

Dans 2 semaines, c'est le festival de l'Arctic Char à Kangirsuk. La semaine suivante, je planifie une expédition au Parc National de Pingualuit. L'été s'annonce chargé. L'histoire continue de s'écrire.

dimanche 11 mai 2014

Kuujjuaraapik

Sortir dehors avec pas de tuque, des déchets qui se révèlent graduellement à nos yeux, des nids-de-poule qui font regretter ceux de Montréal; oui, le printemps est bien installé. Lors de mon arrivée en novembre, rien ne laissait présager qu'il put y avoir une autre saison que l'hiver ici. Pourtant, les glaces fondent maintenant sur les cours d'eau tandis que le soleil se couche vers 22h. De plus en plus, des locaux s'absentent du travail afin de chasser/pêcher. On ne peut les blâmer de chercher à nourrir leur famille, mais ce n'est pas une sinécure pour un employeur...

Mon travail est toujours aussi grisant. À mesure que les dossiers s'accumulent, je visite de nouveaux villages et des familles aux prises avec des problématiques différentes. Un défi majeur est d'amener les parents à considérer l'école comme une priorité. Bien souvent, eux-mêmes ont peu fréquenté l'école et ne croient donc pas au bien-fondé de celles-ci. Par conséquent, l'enfant n'est pas guidé à se lever le matin, à faire ses devoirs, à respecter les enseignants... Il y a beaucoup d'éducation à faire à ce niveau. Je me suis donné comme mandat d'établir une communication entre les établissements scolaires et les familles. C'est ambitieux, mais nécessaire.

En escortant un jeune vers Kuujjuaraapik il y a quelques semaines, j'ai eu l'occasion d'y séjourner quelques jours. Situé tout en bas de la Baie d'Hudson, il y fait bien plus chaud que dans les autres villages. La seule communauté regroupant des Cris et des Inuit au Québec, elle détient 4 appellations officielles outre son nom inuktitut; Poste-de-la-Baleine, Great Whale River et Whapmagoostui. De ce que j'ai pu entendre et observer, il n'y a pas de conflits entre les deux cultures. On parle plutôt d'une certaine rivalité. Au lieu de mettre son argent en commun, ils cherchent à se surpasser mutuellement en construisant un meilleur gym, une plus grosse piscine... D'ailleurs, les Inuit ont mis le paquet. La salle d'entraînement est magnifique.

                                                                    C'est un Triple Gym!!


                                                                                                Un Inukshuk

                                                          Bear et Whale Streets. Je n'ai rien contre les nombreux Saints,
                                                                  mais il me semble que la rue Ours a plus de punch.

J'ai eu la chance d'assister à ma première messe nordique. Dimanche 18h. On entre dans une maison en apparence ordinaire. On se dirige vers le sous-sol, un homme blanc enthousiaste nous accueille en français. On s'assoit au fond de la salle qui se remplit à vue d'oeil. L'homme sert des mains, échange des plaisanteries, taquine les enfants. J'entends qu'il y a bien plus de gens qui se présentent lorsqu'un repas accompagne la cérémonie. On nous sert une assiette de caribou, orignal et légumes. C'est très bon, quoique l'on doive travailler fort afin de garder l'assiette en équilibre sur nos genoux. Après s'être rassasié, on passe au sermon. Le pasteur est un vieux francophone qui a probablement appris l'anglais hier. Il s'exprime difficilement, heureusement que les acétates donnent du poids à ses dires. Des chants rythmées nous mettent à contribution.


Un gâteau trop sucré viendra clore le tout. Pas de quêtes ni de promesses. Nous retraitons simplement à la maison l'estomac plein et chansons en tête. Je suis converti.


Je me serais attiré des critiques si je n'avais pas expérimenté les bars locaux. En effet, il s'agit du seul village alcoolisé à l'extérieur de Kuujjuaq. C'est donc dans l'intérêt de la science que j'y ai dédié mon samedi soir. Au premier abord, le premier est agréable. Un endroit propre avec des chandails de hockey accrochés au mur, des écrans géants. Une mini Cage aux Sports. La 500mL de Keith's à 8$ est abordable. Une fois de plus, l'expérience se gâte alors que la soirée progresse. Un jeune homme éméché vient complimenter mes yeux aux 5 minutes. Une femme intoxiquée, le visage meurtri par l'alcool, flirte avec un francophone de notre table. Il ne tient pas à la connaître, mais il doit rester poli afin d'éviter un conflit. C'est le mari jaloux de cette femme qui se charge d'attiser le feu en menaçant notre ami de son poing. Un allié inconnu se charge d'éloigner ce malheureux.

La fatigue ne nous empêche pas de faire un tour dans le nightclub de l'endroit. Un grand hangar gris, des néons de cafétéria, des tables de billard délavées. La chanson qui nous accueille? Vous vous rappelez In the Shadows de The Rasmus? C'était en 2003.  Peut-être que le décor est planté dans l'optique de pousser les gens à consommer... Bref, nous y passons peu de temps et quittons sagement avant les potentielles bagarres de fin de soirée.

Plusieurs fans de hockey ici. Certaines personnes se font un plaisir d'arborer une casquette des Bruins dans la rue. Ils seront bien déçus... Retour à Montréal le 22!

mardi 15 avril 2014

Retour à la réalité

Je vais en agacer certains, mais il était grand temps que je retourne au travail après ces 4 semaines de vacances. Un mois à courir à gauche et à droite pour voir tout le monde, des coups de soleil suite au Honduras, se lever à 9h le matin… Pas facile la vie! Sérieusement, la tranquillité nordique me manquait. De plus, on réalise que le travail est une belle source de satisfaction et d’équilibre. Et du travail, il y en a!

D’ailleurs, j’ai enfin débuté le boulot pour lequel j’ai été engagé. Je suis officiellement éducateur externe. Mes tâches m’amènent surtout à travailler au sein des familles. J’ai deux principaux mandats: 1- Visiter les familles vulnérables afin de prévenir le placement des enfants. 2- Préparer les familles au retour de leurs enfants placés. Cette dernière responsabilité est cruciale. Suite à un placement de quelques mois, un enfant peut revenir transformé et animé de bonnes intentions. Toutefois, si l’environnement familial est toujours aussi toxique, les mauvaises habitudes reprennent rapidement le dessus.

J’ai eu l’occasion de visiter quelques demeures en piteux état. Une d’entre elle fut particulièrement marquante. Il s’agit d’une mère monoparentale et ses 6 enfants âgés de 4 à 16 ans. Le père est en prison pour violence conjugale et sera de retour en mai. La première chose qui frappe en entrant dans la maison, c’est l’odeur. Une odeur de pot mélangée à de la pourriture. Ça prend à la gorge. Ensuite, on remarque les murs parsemés de trous. La cuisine révèle une quantité astronomique de vaisselle sale qui déborde de l’évier. Les planchers sont tachés de graisse. À l’étage, les chambres renferment de putrides matelas posés à même le sol. Celui-ci est recouvert de vêtements; propres ou sales, on ne sait trop. La salle de bain est peinturée de traces brunâtres. Malgré tout, les enfants sont souriants, insouciants. En classe, ils portent des chapeaux afin d’éviter la prolifération de leurs poux. Ils sont conscients que les choses ne tournent pas rond à la maison, mais ils sont gênés d’en parler. Certains sèchent les cours, d’autres se battent durant la nuit. L’une des filles consomme quotidiennement et insulte quand on l'approche. De son côté, la mère est réticente à accepter de l’aide. Elle détient un emploi à l’école, mais quelques matins elle ne se présente pas, car elle a déjà trop bu. Elle est informée qu’elle doit collaborer avec moi si elle tient à conserver la garde, ce qui semble l’atteindre. Une demoiselle perspicace me faisait remarquer que mon travail s’apparente à celui de Nanny 911. Je serais curieux de voir comment celle-ci attaquerait une situation de cette ampleur…


Bref, je suis basé à Kangirsuk dans un appartement miteux qui est somme toute accueillant (avis aux potentiels visiteurs!). Je serai appelé à parcourir quatre villages de la Baie d’Ungava dans le cadre de mes interventions familiales. Présentement, j’accomplis un boulot qui entre dans la catégorie *autre tâche connexe* de toute bonne définition d’emploi. J’escorte deux enfants trop jeunes pour voyager par eux-mêmes. Je n’ai qu’à prendre l’avion en leur compagnie, leur donner des bonbons pour qu’ils se tiennent tranquilles et les remettre en mains sûres à l’arrivée. Pas mal du tout, alors que ça me permet de visiter des villages que je n’aurais pas vus autrement. À mon prochain envoi, vous découvrirez Kuujjuaraapik, la seule communauté Cri et Inuit du Québec!

J'avais un léger rhume la semaine dernière et je voulais évacuer des toxines à l'aide d'un bain bouillant. Une surprise m'attendait, à vous de deviner si je me suis laissé tenter ou non. J'imagine que vous connaissez la réponse...