Je vais en
agacer certains, mais il était grand temps que je retourne au travail après ces
4 semaines de vacances. Un mois à courir à gauche et à droite pour voir tout le
monde, des coups de soleil suite au Honduras, se lever à 9h le matin… Pas
facile la vie! Sérieusement, la tranquillité nordique me manquait. De plus, on
réalise que le travail est une belle source de satisfaction et d’équilibre. Et
du travail, il y en a!
D’ailleurs,
j’ai enfin débuté le boulot pour lequel j’ai été engagé. Je suis officiellement
éducateur externe. Mes tâches m’amènent surtout à travailler au sein des
familles. J’ai deux principaux mandats: 1- Visiter les familles vulnérables
afin de prévenir le placement des enfants. 2- Préparer les familles au retour
de leurs enfants placés. Cette dernière responsabilité est cruciale. Suite à un
placement de quelques mois, un enfant peut revenir transformé et animé de
bonnes intentions. Toutefois, si l’environnement familial est toujours aussi
toxique, les mauvaises habitudes reprennent rapidement le dessus.
J’ai eu l’occasion
de visiter quelques demeures en piteux état. Une d’entre elle fut
particulièrement marquante. Il s’agit d’une mère monoparentale et ses 6 enfants
âgés de 4 à 16 ans. Le père est en prison pour violence conjugale et sera de
retour en mai. La première chose qui frappe en entrant dans la maison, c’est l’odeur.
Une odeur de pot mélangée à de la pourriture. Ça prend à la gorge. Ensuite, on
remarque les murs parsemés de trous. La cuisine révèle une quantité
astronomique de vaisselle sale qui déborde de l’évier. Les planchers sont
tachés de graisse. À l’étage, les chambres renferment de putrides matelas posés
à même le sol. Celui-ci est recouvert de vêtements; propres ou sales, on ne
sait trop. La salle de bain est peinturée de traces brunâtres. Malgré tout, les
enfants sont souriants, insouciants. En classe, ils portent des chapeaux afin d’éviter
la prolifération de leurs poux. Ils sont conscients que les choses ne tournent
pas rond à la maison, mais ils sont gênés d’en parler. Certains sèchent les
cours, d’autres se battent durant la nuit. L’une des filles consomme
quotidiennement et insulte quand on l'approche. De son côté, la mère est réticente
à accepter de l’aide. Elle détient un emploi à l’école, mais quelques matins
elle ne se présente pas, car elle a déjà trop bu. Elle est informée qu’elle
doit collaborer avec moi si elle tient à conserver la garde, ce qui semble l’atteindre.
Une demoiselle perspicace me faisait remarquer que mon travail s’apparente à
celui de Nanny 911. Je serais curieux de voir comment celle-ci attaquerait une
situation de cette ampleur…
Bref, je
suis basé à Kangirsuk dans un appartement miteux qui est somme toute
accueillant (avis aux potentiels visiteurs!). Je serai appelé à parcourir
quatre villages de la Baie d’Ungava dans le cadre de mes interventions
familiales. Présentement, j’accomplis un boulot qui entre dans la catégorie
*autre tâche connexe* de toute bonne définition d’emploi. J’escorte deux enfants
trop jeunes pour voyager par eux-mêmes. Je n’ai qu’à prendre l’avion en leur
compagnie, leur donner des bonbons pour qu’ils se tiennent tranquilles et les
remettre en mains sûres à l’arrivée. Pas mal du tout, alors que ça me permet de
visiter des villages que je n’aurais pas vus autrement. À mon prochain envoi, vous
découvrirez Kuujjuaraapik, la seule communauté Cri et Inuit du
Québec!
J'avais un léger rhume la semaine dernière et je voulais évacuer des toxines à l'aide d'un bain bouillant. Une surprise m'attendait, à vous de deviner si je me suis laissé tenter ou non. J'imagine que vous connaissez la réponse...